Jusque dans les années 1970-1980, l’inclusion des femmes dans l’informatique suivait une pente ascendante, puis cette tendance s’est inversée. En 30 ans la proportion de femmes ingénieures en informatique est descendue de 30% à 15%.
La conséquence directe de cette répartition est qu’aujourd’hui la majorité des concepteurs de produits et services numériques sont des hommes. Or il est prouvé que les concepteurs -ou conceptrices- de produits et services, qui baignent inévitablement dans un environnement social et un ensemble de représentations et de normes, en imprègnent leur création, plus ou moins volontairement. Le secteur de la robotique illustre bien ce fait : en tant que domaine extrêmement masculin, les assistants virtuels et les robots de compagnie ont une apparence la plupart du temps féminine, et une voix qui est souvent féminine. Cela serait-il le cas si ces robots étaient conçus majoritairement par des femmes ? Le message subliminal envoyé (les métiers de services à la personne sont des métiers féminins) serait-il le même ?
De ce fait « les produits et services qui vont se développer de plus en plus dans le numérique vont contribuer à renforcer, rétablir ou inscrire dans le dur des inégalités entre femmes et hommes » nous dit Chantal Morley, professeure en systèmes d’information à IMT Business School et co-créatrice du MOOC « Mixité dans les métiers du numérique », disponible sur la plateforme FUN.
Quelles solutions peut-on envisager pour y remédier ?
Développer une culture de la mixité ! Comment ? Avant tout, en prenant conscience de ses représentations et en prêtant attention aux détails du quotidien. Exemple évoqué par Chantal Morley : lors d’un récent concours d’entrepreneuriat, l’intervenant dit devant plusieurs centaines d’étudiant.es manager et ingénieur.es : « une application est téléchargée deux fois, une fois par le concepteur et une autre fois par son épouse ». Derrière le trait d’humour identifié par toutes et tous, se cache un a priori sexiste que beaucoup – hommes et femmes confondus – n’identifient pas immédiatement ou dont ils/elles s’accommodent sans difficulté.
Lorsqu’une culture a fortement intégré des biais sexistes, mener un vrai projet d’inclusion nécessite des méthodes très précises.
Quels sont les facteurs clés du succès d’une inclusion ?
« Il faut mener un projet d’inclusion comme un vrai projet (…) soutenu par la direction générale et par une équipe porteuse, qui définisse des objectifs très clairs ». Le projet doit être inscrit dans la durée, avoir un budget. Son action doit s’inscrire dans un cadre global et se décliner sur 4 dimensions : l’espace, le développement de la confiance en soi, l’empowerment, et la mise en relations. Enfin « il faut travailler en mixité » nous rappelle Chantal Morley, car « la mixité étant une affaire de genre et de relations, les hommes doivent aussi y être inclus ».
Pour aller plus loin ou travailler avec les expert.es d’IMT Business School sur ce sujet (et bien d’autres) rendez-vous sur le blog de Gender@IMT, le groupe de travail et de recherche dédié aux sujets de la mixité dans les secteurs du numérique.
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