Que l’on soit manager, chercheur en management, professionnel, s’y prendre avec méthode est souvent un gage de réussite. Une bonne méthode aide à avancer, explorer, maîtriser. Les recherches sur l’importance de la méthode, menées par Jean-Luc Moriceau, enseignant chercheur en méthodologie de recherche, comptabilité et contrôle à IMT Business School, donnent à tous les managers un cadre pour mieux agir et réussir.
Il y a deux façons de recourir à la méthode:
Prendre celle qu’un spécialiste a forgée. Vous tentez dans ce cas d’appliquer cette méthode avec rigueur en suivant ses prescriptions. Vous avez dès lors une certaine assurance de résultat. Mais la méthode peut n’être que peu pertinente pour la situation que vous étudiez. Et surtout, elle peut être inadaptée à vos propres compétences et vos propres engagements.
Ou bien forger par votre expérience vos propres règles. Ceci est la définition de l’autonomie. La composition de ses propres règles gagne bien sûr à s’inspirer de prédécesseurs “inspirants”. Mais un travail de composition demande d’expérimenter, d’aller souvent hors de sa zone de confort et de réfléchir sur la pertinence de ses choix.
Pourquoi la méthode est importante pour le manager
Devant la multiplicité, l’urgence, la complexité des situations à gérer, le manager a besoin de méthodes.
Une méthode universelle qui serait valable pour toutes les organisations, tous les managers, adaptés à tous, n’existe pas. Il s’agit donc, pour les managers et chercheurs en management, d’apprendre à forger sa méthode. A l’articulation entre action et pensées, sens et sensibilité, elle oriente, invite à initier le mouvement, à s’assurer d’une certaine maîtrise.
Le manager a donc besoin de forger des méthodes qui lui correspondent, qui l’aident à réussir. To manage, en anglais, signifie “parvenir, réussir”.
Produire un mémoire de recherche : quel intérêt ?
La formation par la recherche permet l’acquisition de compétences (disciplinaires et transversales), ainsi que de “méta-compétences”. Celles-ci incluent: la curiosité, l’esprit critique, la pensée originale, l’innovation, l’écriture, l’argumentation, la conduite du changement. Elles incluent aussi la différenciation compétitive, la pensée systémique, transversale et complexe. la capacité transversale, la prise en compte de tous les paramètres appropriés (la pensée complexe). Ce sont toutes ces compétences qui permettent ainsi de passer de la “méthode-recette” à la “méthode-autonomie”, de penser le sens de son action dans un contexte, d’inclure un souci éthique et la possibilité d’un engagement.
Rigueur, esprit critique, impacts potentiels
La formation par la recherche aide les futurs managers à acquérir la rigueur scientifique et l’esprit critique indispensables à leur action dans un mode complexe. Elle les aide également à penser les effets de leur activité sur les humains et sur la société. Il faut en effet toujours rapporter la rigueur à la pertinence (qui dépend du contexte) et aux implications éthiques et politiques du management. Richard Soparnot (dans l’ouvrage co-édité par Jean-Luc Moriceau intitulé ”Recherche qualitative en sciences sociales”) incite au dialogue entre chercheurs et managers. Pour lui ce dialogue est une condition pour rendre pertinente la recherche et pour rendre pertinent le management.
Comment la recherche aide les managers
La recherche explore, invente ou découvre. Elle questionne l’existant pour préparer un meilleur futur. Ce processus se fonde sur l’esprit critique. Elle permet également d’aborder de façon critique la prétention de vérité de certaines approches “managériales”. Et ainsi, de relancer la réflexion pour obtenir des résultats appropriés au bien commun, à la pérennité de l’activité. Le risque cependant reste de vouloir appliquer les résultats de recherche comme des vérités fondées qui guideraient une version scientifique du management.
Importance de l’esprit de recherche
La Recherche apprend à remettre en question ce que l’on croyait certain. Elle enseigne la volonté d’explorer, la pensée que les femmes et hommes rencontrés ont toujours beaucoup de richesses à apporter. Un souci éthique pour les personnes. La conviction que l’injustice et l’absence de solidarité détruisent beaucoup plus que ce que les optimisations permettent de gagner.
Le manager agit donc dans un monde d’humains. Et ses activités ont des conséquences pour l’ensemble de la vie et l’état de la planète. C’est par une approche modeste, une volonté de comprendre, dirigée par un souci éthique, qu’il doit envisager son activité. Rien de plus formateur à un tel état d’esprit que la recherche.
Existe-t-il des règles universelles sur lesquelles fonder sa méthode ?
Jean-Luc Moriceau nous met en garde. Une méthode universelle (qui marcherait à tous les coups) est certainement hors de portée.
“Une recherche sincère, ouverte vers autrui, tournée vers la co-construction, détricote cette universalité, pour aller vers la singularité, l’authenticité. Pour elle, la méthode est un sujet de recherche (en tant que tel), et préalable à l’exécution du livrable (l’article, le livre, le chapitre d’un ouvrage, une communication (quelle qu’elle soit).”
La recherche en management informe, guide, oriente, critique, pense, propose, elle dépasse largement l’intuition et l’expérience d’un manager. Pourtant, le management ne saurait se réduire à l’application d’une méthode ou de règles. C’est ce qui fait l’intérêt, la noblesse le défi du métier de manager.
Notre monde complexe, incertain, pose des défis redoutables au manager. La recherche de Jean-Luc Moriceau lui donne un cadre pour mieux agir. Et donc réussir.